Une femme interpellée après l’empoisonnement à l’Hôtel-Dieu

[Invité]

Les policiers ont retrouvé la trace d’une patiente qui a séjourné aux urgences pour des troubles psychiatriques. Les six soignants sont hors de danger.

C’est en fin d’après-midi hier que les policiers ont interpellé dans le centre-ville de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) la mère de famille activement recherchée depuis l’intoxication de six membres des urgences de l’Hôtel-Dieu.

Deux médecins, deux infirmières et deux aides-soignants avaient été intoxiqués mardi matin par une forte dose de Loxapac, un puissant neuroleptique, versé à leur insu dans la cafetière disposée dans leur salle de repos. Les six victimes sont totalement hors de danger et ont même repris leur travail dès hier. Elles doivent être entendues par les enquêteurs. Ceux-ci ont d’ores et déjà auditionné d’autres membres du personnel qui étaient présents dans la nuit de lundi à mardi et mardi dans la matinée. La garde à vue de la mère de famille interpellée devrait peut-être permettre d’en savoir plus. « C’est une piste sérieuse, mais d’autres options restent à l’étude », nuançait hier une source judiciaire.

La suspecte avait étrangement disparu depuis mardi midi. Cette patiente qui a séjourné (avec son enfant de 3 ans) aux urgences entre lundi et mardi pour des troubles psychiatriques, s’est en effet fait offrir un café mardi matin, peu de temps avant que les six membres de l’hôpital ne se servent dans la cafetière contaminée. « Cette salle n’est pas fermée, mais elle est en principe réservée au personnel. La femme qui semblait en détresse a pris un café avant de quitter l’hôpital », relate une source proche de l’enquête. Il semblerait même que le personnel des urgences lui ait ensuite fourni des tickets de métro pour qu’elle rentre chez elle avec son enfant.

Les policiers qui s’étaient rendus dès mardi après-midi à son domicile de Saint-Ouen n’avaient trouvé que son compagnon. Celui-ci aurait affirmé ne plus en avoir de nouvelles depuis quelques heures, confirmant qu’elle avait des « problèmes de dépression ». Pour l’instant, il n’y a pas encore de preuves formelles de son implication. Mais des éléments troublants ont été mis au jour par l’enquête qui s’appuiera aussi sur les bandes de vidéosurveillance et sur les prélèvements effectués sur la boîte contenant le flacon de Loxapac.

Cette patiente occupait en effet dans la nuit de lundi à mardi une salle d’examen des urgences directement voisine de la salle de repos mais aussi très proche de la pharmacie du service, un local en principe sécurisé par une porte à code. « C’est un service d’urgence . Il y a beaucoup de passages, surtout la nuit, souligne un membre du personnel. Elle a été vue traînant dans les couloirs. A-t-elle réussi à pénétrer dans la pharmacie pour y dérober un flacon de Loxapac puis ensuite dans la salle de repos. L’hôpital n’est pas un lieu de surveillance, c’est un espace de soins. On ne peut pas se méfier de tout le monde. »

Malgré tout, ce soignant relaie l’inquiétude générale après cette intoxication volontaire : « C’est un choc pour beaucoup d’entre nous. Tant qu’on ne saura pas qui a fait ça et pourquoi, il y aura une inquiétude. C’est un acte dérangeant et sournois. » D’autant plus que le produit utilisé est très puissant : « Un flacon comme celui qui a été dérobé contient l’équivalent de 30 ampoules injectables. Lorsqu’on sait qu’une seule suffit à neutraliser et à calmer un patient psychotique en crise, cela suffit à imaginer l’effet produit », souligne une source judiciaire qui ajoute : « Il n’y a pas eu de conséquences pour la santé des victimes, mais imaginons que l’une d’elles ait pris sa voiture après avoir bu son café et se soit trouvée en proie à un malaise… »

source: le parisien